Nous aurions dû arriver en milieu de matinée à Varanasi et c'est finalement en fin d'après-midi que nous mettons pieds à terre, sautant du train avant même d'arriver à la gare, épuisés des arrêts permanents et de la lenteur du transport.


Nous marchons d'un bon pas dans la banlieue de la ville évitant tant bien que mal les chauffards sur leur tuk-tuk et les vaches nonchalantes qui se dandinent au milieu du passage. Les enfants nous courent après la main tendue pour nous demander de l'argent.

Nous empruntons tous les raccourcis possibles pour rejoindre notre hôtel. Quelques 30 minutes de marche nous permettent de découvrir que la ville est un dédale de petites ruelles pavées réseautant autour de la voie principale, poussiéreuse et bruyante.


Nous arrivons dans un vrai labyrinthe de petites échoppes et d'hôtels en tout genre. Les locaux connaissent bien leur territoire et nous trouvons rapidement notre refuge pour la nuit.

Somit Guest House est une charmante maison d'hôtes dont le rez-de-chaussée est occupé par une salle de classe. Tous les fonds récoltés grâce aux chambres contribuent à payer les salaires des professeurs et assurer le financement des études des jeunes enfants du quartiers. On trouve le concept super !

L'ambiance est chaleureuse, on nous offre un chai de bienvenue et nous sommes accompagnés avec le sourire jusqu'à notre chambre. De l'hospitalité ! C'est tellement rare que nous en sommes étonnés.


Nos regards se croisent. On sait déjà ce que pense l'autre. Ça donne vraiment envie de rester... sauf que pour la première fois du voyage, nous avons réservé nos trains à l'avance. Par précaution, parce que l'on sait par expérience que 24h à l'avance ne suffisent plus pour obtenir des places dans les classes Sleeper, déjà plus économiques et surtout indispensables pour passer les longs trajets de nuits qui nous attendaient entre l'Est et Delhi.

Notre train pour Agra est à 18h le lendemain et nous avons déjà perdu 6h avec le retard de Kolkata. On s'en mord les doigts.


Déçus, nous ne perdons néanmoins pas de temps pour nous préparer à aller voir la grande cérémonie hindou quotidienne qui a lieu sur l'un des plus grand ghat de Varanasi, face au Gange (les ghats sont des marches ou des paliers menant jusqu'à une rivière)

Un gars de l'hotel nous guide dans les passages étroits et cherche à nous trouver un bateau pour assister au spectacle. C'est 400 roupies pour une heure. Outch. Fort heureusement aucun copain n'est disponible pour nous embarquer sur les eaux. Nous trouvons donc une place au milieu de la foule de personnes (touristes étrangers, indiens, sadhus, tribus aux traits caractéristiques...) sur les marches qui mènent au ghat.


Le spectacle commence. Des jeunes hommes en tenues de cérémonie se lancent dans des mouvements répétitifs et sans grande signification en agitant des bougies, des bâtons d'encens, des bols de flammes et des pétales de fleurs autour de leur tête. La sono crache de la musique qui nous vrille les tympans. Des indiens tentent de chauffer la foule en tapant dans leur mains et les fous du village dansent au milieu des escaliers. Pour nous, il n'y a aucune spiritualité dans tout ça, on dirait juste un show préparé pour les touristes de passage dans le but de faire marcher l'économie locale via le tour en bateau. Nous apercevons d'ailleurs un bon nombre de victimes collées serrées sur leur pirogue, à 2 mètres à peine du bord de la berge. Nous partons en direction du marché nocturne avant de devenir sourds.


Pour une fois, nous suivons les conseils du Lonely Planet pour aller dîner (en général les prix indiqués sont déjà obsolètes et nous aimons manger dans la rue ou dans des gargottes).

Nous entrons dans un petit restaurant tout vide mais mignon réputé pour ses dosas (voir l'article sur Calcutta). La crêpe fourrée aux épinards-champignons (une recette originale) est un délice et celle aux bananes-chocolat du dessert achève de nous combler. Nous revenons repus à l'hôtel.


Au matin, nous partons nous promener le long des nombreux ghats en bord du Gange. Varanasi est baignée dans une brume ensoleillée donnant au paysage une certaine douceur qui s'accorde bien avec le calme du début de journée. La ville semble encore endormie bien qu'il soit déjà 10h passées.

Les bateliers retapent et repeignent les coques. Les jolies barques colorées bordent les berges jusqu'à perte de vue. L'atmosphère est paisible, on se sent bien.


Nous découvrons le Manikarnika Ghat où les crémations ont lieu. Il paraîtrait qu'un feu sacré brulerait dans le temple depuis plus de 3000 ans. De nombreux bûchers funéraires sont préparés pour y déposer les corps. S'ensuivent alors de nombreux rituels de prières que nous ne serions pas en mesure de vous décrire. Nous ne nous attardons pas sur place, dans le soucis de ne pas être trop intrusifs même si les crémations restent publiques.


Nous poursuivons notre marche, flânant au soleil. Des sadhus nous saluent au passage. D'autres personnages à moitié nus, barbus aux cheveux longs emmêlés, peinturlurés de blanc s'enfument d'encens et attirent les touristes avec leur allure incongrue.


Des jeunes garçons sont attroupés un peu plus loin. Le plus vieux est au commande d'un cerf volant bleu qui virevolte dans le ciel. Une dizaine d'autres losanges de couleurs s'agitent dans les parages. La bataille est en cours : le but pour chaque joueur est de couper la ficelle des autres participants et d'envoyer les copains récupérer le cerf-volant déchu. Nous nous retrouvons en plein roman des Cerf-volants de Kaboul. Les petits sont tout fiers de nous montrer leur matériel et nous abandonnent parfois pour se précipiter à la recherche d'un trophée. Les plus vieux, déjà adolescents, sont ravis de montrer à Maxime comment maîtriser le jeu et effectuer quelques mouvements particuliers. Moment de pleinitude, entourés des ces jeunes garçons, tout sourire, à l'heure où hommes et bêtes font la sieste sur les marches des ghats.


Nous quittons la bande pour retourner dans les petites ruelles de la ville, à la recherche du meilleur lassi de la ville, voire le meilleur d'Inde ! Les boulangeries de douceurs locales ne manquent pas sur notre chemin mais nous ne perdons pas de vue notre objectif. Nous arrivons bientôt au Blue Lassi où le propriétaire assis en tailleur sur la galerie prépare en direct son yahourt. Les pots de terre cuite dans lesquels sont servis les lassis sont énormes et le choix est large : banane, pommes, noix de coco, grenade, ananas, mangue, chocolat... Le résultat final est un délice dont on se souviendra longtemps !!


Après ce goûter de rêve, il est temps d'aller récupérer les sacs pour partir à la gare. Notre hôte nous prévient : "Attention il est possible que votre train ait du retard, il serait annoncé à 23h15 - au lieu de 18h15."

Au final, le train aura 9h de retard. Nous passons notre soirée dans les salles d'attente à patienter devant les Cine Awards indiens qui frisent le ridicule mais nous ne sommes pas mécontents tout de même d'avoir des fauteuils et une télé à regarder pour passer le temps (en temps normal on attend par terre comme tout le monde!).


En route vers Agra et le Taj Mahal !


A très bientôt,

Les Bob'trotteurs