Nous partons de Leh dans la nuit noire pour prendre notre bus matinal.

Réputée pour sa vie canine nocturne, la ville est envahie par des chiens errants et agressifs une fois le soleil couché. Nous nous empressons d'atteindre la gare routière à l'affut du moindre hurlement, avant que l'un d'eux nous morde les mollets.


Dans l'ombre d'une lumière, j'aperçois derrière nous une silhouette qui nous poursuit.

"Maxime, on est suivi j'ai peur."

"Mais non t'inquiète c'est un backpack !".

Mal réveillée, je comprends "C'est un soldat pak'!"

"Un pakistanais ? Mais qu'est ce qu'il fait dans la rue ?"

Panique. J'accélère le pas.

"Il doit vouloir prendre le bus, comme nous."

L'ombre se rapproche, j'entends déjà la lame du couteau siffler dans la nuit et j'imagine Maxime s'écrouler raide sur le sol... L'assassin s'élance et...

"Good morning ! It's pretty freaky out there isn't it?!"


Voilà comment nous avons rencontré Valentin, le jeunot baroudeur qui s'est déjà enfilé une bonne partie de l'Inde et un bon morceau de l'Asie et de l'Océanie du haut de ses 23 ans et avec qui nous passerons un chouette séjour à Manali, notre prochaine étape !

Nous finissons le bout de chemin qui nous sépare de la gare et le bus démarre son épopée à travers les montagnes du Ladakh.


La route est longue jusqu'à Manali, terriblement longue et surtout toujours aussi cabossée qu'à l'aller. Tandis que certains s'assoupissent pour éviter d'avoir à supporter les nombreux virages en épingle à cheveux, d'autres nous assurent le spectacle en sortant la tête par la fenêtre pour vomir leur trippes. On vous laisse imaginer l'état des vitres à l'arrivée. Le trajet de 14h est ponctué de rots et de crachats au plus grand plaisir de nos pauvres oreilles.


Nous arrivons tant bien que mal à Manali où le gérant d'un hôtel se jette sur nous à peine sortis du bus. Pour une fois, le gars trouve les mots justes... Bienvenue au Green Land Hôtel ! Pour la modique somme de 300 roupies (à deux!) nous étions situé à quelques minutes du centre ville, avec un jardin fleuri, la terrasse, de grandes chambres spacieuses et de l'eau chaude ! Un vrai bonheur ! :)


Affamés après le jeûne du trajet en bus, nous filons dans la première gargote branlante en tôle qui traîne sur notre route. Nous nous gavons des spécialités habituelles (Dal - Lentille, Lassi - Yahourt à l'eau, Thali - repas complet avec légumes et chapatis - galette de pain) quand une tête joviale apparaît dans l'embrasure de la porte. "French ? French ?".

Ni une ni deux, à peine lui avoir répondu positivement que l'individu s'installe à notre table, commande un café et se lance dans un récit à base de genou branlant, nourriture organique et cadeaux souvenirs pour les petits enfants.


Nous découvrons le phénomène Jean Louis, 69 ans et bourlingueur de l'extrême. Une tornade d'énergie à la discussion facile.

On comprend que Jean Lou n'a pas chaumé dans la vie, facteur de profession, et amoureux de la randonnée et des voyages, il a consacré ses plus jeunes années à parcourir le continent Eurasien dans un monde où les transports n'étaient pas aussi confortables et accessibles que maintenant. Il nous raconte ses périples et son coup de coeur pour l'Inde, son genou abîmé qu'il soigne aux huiles essentielles et ses bons plans écolo-bio dans ses villes fétiches de l'Himachal Pradesh.

Sa bonne humeur et son naturel nous touche immédiatement et nous promettons, une fois le déjeuner terminé que nous essaierons de le revoir durant notre séjour à Manali. Quelle surprise quand nous apprenons qu'il séjourne aussi au Green Land Hôtel !


Après avoir fait un tour de la ville, nous revenons au bercail pour retrouver Valentin sur la terrasse en plein questionnement sur la suite de son trip. Moto, pas moto ? Nous revassons ensemble sur le sujet quand JL débarque. Présentations faites, l'idée d'organiser notre PREMIER APÉRO du voyage germe dans notre discussion. Le timing est idéal d'autant que Maud et Martin sont également à Manali !


Bières, coca, gâteaux apéro épicés, musique détente (merci Maxime pour le Bose !) et ambiance joyeuse sont au rendez vous (même quand JL tente de nous rallier à Melanchon à coup de discours enragé).

Nous voyageons à travers les récits de chacun,  les discussions vont bon train. Le groupe migre bientôt dans notre petite gargote pour dîner.


La soirée se termine les lèvres et la bouche en feu suite à l'abus d'épices (dédicace notamment à Martin qui a failli cracher des flammes !) mais le coeur est rassasié.


Il était prévu que nous devions partir le lendemain en randonnée pour découvrir les cascades de Jogini à quelques 5km de la ville mais Jean Lou en avait décidé autrement. Son nez avait flairé la pluie et son enthousiasme à achevé de nous convaincre de le suivre dans le Old Manali.

Connaisseur, il nous fait découvrir la source d'eau traitée gratuite mise en place par l'hôpital, une épicerie cachée pour se gaver de gâteaux au petit déjeuner, des boutiques équitables aux produits de qualité et un atelier de tissage reculé où nous passons une grande partie de la matinée (la fabrication des écharpes et étoles ainsi que les explications sur l'origine de la laine sont passionnantes).

Valentin nous rejoint pour visiter les ruelles authentiques de la ville aux maisons de bois. Nous nous racontons nos vies le soir autour de nooddles aux légumes. La grimpette jusqu'à notre cascade est reportée au lendemain.


Jean Lou(p) nous quitte au matin, sans manquer toutefois d'essayer de nous embarquer avec lui dans son bus pour Rewalsar où il compte découvrir un lac sacré entouré de temples.

Les 3 petits cochons restants s'engagent sur la route des chutes d'eau sous un soleil resplendissant. La montée est raide à travers les fougères et la gadoue mais la vue est épatante ! Les garçons partent faire quelques clichés de derrières les chutes, nous trempons les pieds dans l'eau fraîche... un régal !


Après une pause déjeuner à Vashisht (prononcé Vachite à la JL), nous rentrons à Manali récupérer nos sacs avant de prendre le bus pour Rishikesh, capitale mondiale du yoga où les Beatles auraient séjourné quelques temps pour méditer sur leur coupe au bol.


Peu d'action mais beaucoup d'émotions sur cette étape, les belles rencontres font aussi partie du voyage !


A très vite ! Namaste ! :)