Aussi étonnant que ça puisse paraître, notre retour en Inde s'est fait sans encombre et dans un temps record ! L'enchainement des jeeps et des bus s'est fait en toute fluidité (je vous jure c'est vrai !), la traversée à pieds du pont entre les deux pays, sans incident... Et nous qui nous attendions à perdre une demi journée à la frontière, nous n'avons eu qu'à attendre que le charmant fonctionnaire présent à l'unique guichet de l'Office d'immigration recopie les informations de notre passeport sur son joli cahier et nous tamponne le tout pour valider notre nouvelle entrée sur le territoire. Il nous a même lâché un sourire avant de partir... y'a de quoi être sur le cul ! (excusez l'expression!).


Bien entendu, l'Inde n'est pas devenue une oasis de silence et de tranquillité en deux mois, faut pas rêver ! A peine émergés des bureaux que nous étions plongés dans un chaos de klaxons, tuk-tuk, hurlements, rots, crissement de pneus, poussières et odeurs en tout genre... Bon sang, c'est toujours une claque de débarquer dans ce pays !


Un jeune homme surexcité se jete littéralement sur nous pour nous proposer un taxi pour Siliguri, l'énorme ville carrefour entre l'Inde, le Bangladesh et le Népal. Maxime l'écarte gentiment. Il insiste. C'est non. Mais encore ? C'est toujours non. Le mec commence à devenir inquiétant, tente d'attraper nos sacs, nos mains, n'importe quoi... Taxi ? STOP ! C'est l'hystérie, on lui hurle de nous lâcher. On avait oublié ce que ça faisait d'être harcelé.

En bord de route, nous halons un bus local en pleine course et sautons à bord d'un élan gracieux. Pour vivre heureux, vivons comme eux !


30km plus tard nous voilà à bon port et déjà en discussion avec les conducteurs de jeeps de l'avenue pour dénicher notre futur transport pour la capitale du thé : Darjeeling.

A notre grande surprise, les prix annoncés par les pilotes indépendants sont les mêmes que les prix officiels. Même pas de mensonge à la marchand de tapis pour se refaire à la négociation à l'indienne. Dans le fond, ça nous fait plaisir et ça nous rassure pour les jours à venir.


Une fois notre aller acheté, nous testons une sympatique gargote devant laquelle s'activent les cuistots ventripotents dans leur marcel taché de gras. La street-food indienne nous met l'eau à la bouche ! C'est le retour des plats bien assaisonnés, en sauce, au curry, le come-back des chapatis (péché mignon de Maxime) et des samossas épicés, des talis végétariens aux milles saveurs... Avec le voyage, nos sens ont évolué et nous constatons avec bonheur que les plats un peu "spicy" ne nous mettent plus la larme à l'oeil et le feu à la gorge (même si notre nez continue à couler, snirf).


Bref, c'est l'estomac bien rempli que nous prenons la route sinueuse vers Darjeeling. Les plantations de thé recouvrent de leur immensité les versants des montagnes alentours. Tout est vert, lumineux, fleuri... ça pourrait rappeler Ilam mais ici le bitume est partout et les jeeps sont nombreuses à sillonner les collines.


Il ne fait pas bien chaud en fin d'après midi, et la polaire n'est pas de trop lorsqu'une fois arrivés en ville, nous attaquons l'ascension des ruelles pour trouver un hôtel. Premier testé, premier validé, nous voilà en quelques minutes au 4ème étage d'un immeuble neuf, assis sur notre lit King-size face à la baie vitrée et aux couleurs fantastiques du soleil couchant. La terrasse, bien qu'orientée Sud-Ouest nous permet d'apercevoir le majestueux Kachenjunga (8568m) baigné de lumière.


A la nuit tombée (à seulement 17h), nous décidons d'aller faire un tour du quartier. Les rues grimpent et dégringolent telles des montagnes russes et nous avons vite fait de nous réchauffer les cuisses.


L'ambiance est étrange. Le centre touristique mêle les boutiques et restaurants modernes, aux guesthouses en bois vieillottes un peu défraichies. Les stands de street-food apportent un peu de chaleur au milieu de la foule de touristes locaux qui s'agite dans les rues étroites. Les illuminations rappellent nos fameux marchés de Noël. Certains bâtiments affichent clairement leur influences britanniques, tels Glennery's, la jolie bakery proposant des scones pour accompagner le thé réputé ou l'Oxford Library toute en étagères de bois qui nous transporte tout droit chez nos amis Anglo-saxons.

Une fois trouvé une gargote pour dîner, nous allons nous coucher de bonne heure comme à notre habitude.


Au matin, nous nous lançons avec entrain dans notre programme de la journée. Nous traversons la ville de bout en bout pour rejoindre le zoo. En bord de rues, nous apercevons des églises (nous voyons nos premiers cimetières indiens), un théâtre impressionnant richement décoré, de jolis jardins et des écoles superbes où circulent des étudiants vêtus de très beaux uniformes à l'anglaise.


L'entrée du parc animalier nous coûte 100 roupies. Perché sur sa colline, il abrite de nombreux animaux typiques des régions himalayennes avec entre-autres des léopards des neiges et un tigre du Bengale (deux espèces en voie de disparition), des yaks massifs (des vrais ! pas de croisement !) et des pandas roux encore jamais aperçu durant nos treks.


Nous sommes ravis de voir que l'accès au Himalayan Montaineering Institute est inclus dans nos frais d'entrée. Plus axé sur les expéditions que celui de Pokhara, le musée expose les équipements des célèbres alpinistes et sherpas qui ont atteints le sommet de l’Everest, et notamment l'équipement du héros national Tenzing Norgay qui a accompagné Sir Edmond Hillary dans sa première ascension en 1953. C'est à lui que la ville doit son musée et son institut d'entraînement à l'alpinisme.


Notre ticket nous permet également de visiter un petit Muséum d'Histoire Naturelle dont certains animaux empaillés et certaines collections de papillons tombent un peu en poussière. La visite est toutefois agréable et amusante, ça nous change de nos activités habituelles !


Une fois sortis, nous découvrons avec joie une nouvelle spécialité culinaire tibétaine, le shab-haley, qui est un délicieux beignet garni de légumes ou de poulet selon la préférence. Avec quelques momos végétariens et deux thés au masala, nous sommes rassasiés pour trois sous.

Nous descendons tranquillement à travers les buissons de thés pour accéder au Jardin Botanique de la ville où nous passons l'après-midi à bouquiner au soleil. Le pied !


Le lendemain, nous passons de l'autre côté de la colline pour descendre à travers les ruelles nord de Darjeeling. Comme dit Maxime "On ne sent pas le danger ici, mais ça ressemble fortement à des favelas". Les déchets jonchent le sol, les maisons sont à moitié détruites, l'odeur nous attaque les narines. Aucun touriste à l'horizon, nous découvrons la face cachée de cette ville si touristique.


L'objectif de la matinée ? Trouver l'Institut des Réfugiés Tibétains. Nous finissons par y arriver tant bien que mal et passons un moment devant l'exposition photo relatant l'histoire du Tibet, et l'arrivée des premiers réfugiés tibétains à Darjeeling.

Nous découvrons avec intérêt les ateliers de produits artisanaux mis en place par l'institut pour les réfugiés (atelier de tissage, fabrication de tapis, couture...).

Nous voilà nez à nez avec une petite grand-mère minuscule ratatinée sur une planche de bois occupée à brosser la laine de mouton pour la préparer à être filée. Son sourire édentée, son visage ridée nous touche immédiatement. L'histoire de ce peuple martyrisé prend forme dans cette petite femme menue, abîmée par le temps et les épreuves. Nous la regardons travailler avec tristesse et compassion, heureux tout de même de la savoir entourée des siens dans un environnement sain et viable.

Deux papis nous sourient de derrière leur machine à coudre dans le bâtiment suivant. L'expérience est émouvante.


Nous marchons ensuite longuement en direction de la ville pour rejoindre une plantation de thé que nous souhaitions visiter.

Nous allions franchir le portail lorsqu'une gérante d'épicerie nous interpelle pour nous dire que la visite de l'usine à 100 roupies ne vaut pas vraiment le coup. La saison de la cueillette est passée et les machines sont à l'arrêt. Un couple de français fraîchement sortis du bâtiment nous confirme ses dires. Elle nous propose alors une petite dégustation dans son salon d'un thé noir de première qualité accompagné d'explications sur le ramassage et la production du thé.

La décoration kitch, l'atmosphère irréelle et l'étrangeté de cette femme qui s'adresse à nous a travers des chansons et des tirades théâtrales, nous laisse imaginer : "C'est une sorcière !".

Elle nous fait découvrir une recette magique pour préparer le meilleur thé possible. Dans l'eau bouillante, jeter une pleine poignée de poudre de thé noir. 1, 2, 3, 4, 5 secondes et c'est prêt ! En effet, la couleur dorée du liquide est superbe et le goût est léger sans être amer.

Nous repartons amusés vers le centre ville en quête d'un déjeuner un peu tardif.


Trouvaille merveilleuse, le Tom & Jerry devant lequel nous étions passé plusieurs fois nous sert de gigantesques burgers carnés garnies de frites maisons qui nous emportent au septième ciel. Repus, nous roulons vers notre hôtel pour profiter des derniers rayons du soleil sur notre terrasse.


Nous reprenons la route le lendemain en direction de Siliguri où nous espérons attraper un train pour notre prochaine destination mystère sans avoir à dormir sur les quais de gare. La suite dans le prochaine épisode....


A très bientôt !

Les Bob'trotteurs